début XXe siècle : Un touriste russe appréciant le bon vin français et notre canal du midi à St Martin Lalande

en 1906, Igor TYMAÎEV, russe, négociant en vin de Bordeaux, quitte Bordeaux, après un séjour de 4 ans, pour rentrer dans son pays en pleine tourmente révolutionnaire. Partant s'embarquer à Sète vers Odesso, il décide de voyager avec le smariniers sur le canal du Midi pour réunir les notes d'un futur article de presse.

".... mon campement était installé à l'avant de la barque de Monsieur Arnaud. le fauteuil et la table pliante sont à la proue devant la toile huilée qui abrite le lit de campagne. Le cheval qui tirait la Ste Marthe s'appelle Bijou. Il va tranquillement à cöté du jeune Marcel, un garçon d'une quinzaine d'années, que Monsieur Arnaud appelle le gafet.... le 12 octobre nous sommes à Castelnaudary, après avoir visité St Férréol, Villefranche et Gardouch, j'ai retrouvé la Ste Marthe au passage des écluses St Rock... BEAU PAYSAGE ENTRE CASTELNAUDARY et BRAM. Encore des écluses multiples qui ralentissent considérablement le passage avec un trafic plus important que celui que nous avons rencontré avant-hier : une heure et demie à l'ECLUSE du VIVIER, une barre de fer tombée accidentellement à l'entrée de la barque montante, coincée dans la gorge de la crapaudine d'un vantail de la porte aval du troisième bassin empêchait sa fermeture. Un gaillard de la barque est descendu, ahanant et jurant, l'eau jusqu'à la ceinture, et plongeant successivement dans les bouillons tandis que l'éclusier manoeuvrait la crémaillère, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. D'un coup, la barre se dégagea par enchantement. Nous avons croisé sept barques remontant vers Toulouse et nous marchons au pas de celle qui nous précède, chargée de grandes pièces de bois des Pyrénées, un chargement assez rare de nos jours m'a confié Arnaud..."

entre le 12 sept et le 24 oct 1906, il note, au jour le jour, tous les détails de son voyage, les paysages traversés, la vie autour du canal dont l'activité est durement concurrencée par le train, les rencontres, ses humeurs.

le récit d'Igor Tymoïev, auteur occasionnel, mêle descriptions, anecdotes, impressions et obsessions.

son journal, retrouvé dans ses archives familiales, est publié en 2002 par les éditions Loubatières; agrémenté de cartes postales de l'époque